Distribution

Arturo Toscanini : C. Thomas Howell

Nadina Bulichoff : Elizabeth Taylor

Soeur Margherita : Sophie Ward

Mère Allegri : Pat Heywood 

Claudio Rossi : John Rhys-Davies

Dom Pedro II : Philippe Noiret

Claudio Toscanini :Franco Nero

Signora Mantelli : Irma Capece Minutolo

M. Miguez : Nicolas Chagrin

Carlo Bergonzi : Leon Lissek

Scénario: William H. Stadiem

Décor : Raimonda Gaetani - Costume : Tom Rand

Directeur de la photographie : Daniele Nannuzzi

Musique : Roman Vlad

Galerie

Photo 1 C. Thomas Howell dans le rôle d'Arturo Toscanini 
Photo 2 Elizabeth Taylor dans le rôle de Nadina Bulichoff
Photo 3 Portrait d'Elizabeth Taylor en Nadina Bulichoff
Photo 4 Portrait d' Elizabeth Taylor en Nadina Bulichoff (détail)
Photo 5 Portrait d' Elizabeth Taylor dans le rôle titre d'Aïda
Photo 6 Portrait d' Elizabeth Taylor dans le rôle titre d'Aïda (détail)
Photo 7 Philippe Noiret dans le rôle de l'Empereur Pedro II du Brésil
Photo 8 Nadina Bulichoff & Pedro II
Photo 9 Nadina Bulichoff dans le rôle titre d'Aïda
Photo 10 Scène finale 
Photo 11 C. Thomas Howell & notice biographie

Extrait des Vaisseaux Brûlés de RENAUD CAMUS

«J'étais fou, aussi, du jeune acteur qui incarnait Toscanini, dans le film de ce titre, de Franco Zeffirelli. Ce film était d'ailleurs extrêmement plaisant, même abstraction faite de la présence de ce jeune acteur, dont j'oublie le nom. La plus grande partie de l'action se déroulait au Brésil. Philippe Noiret était l'empereur Pierre II, Elizabeth Taylor était sa maîtresse. On voyait de belles villas à Petropolis, sans doute, qui furent l'une des raisons (les autres étant Stephan Zweig, et surtout Pierre II lui-même) qui me firent désigner cette ville quand il me fut demandé, à Rio, quelle excursion il me plairait de faire, durant mon séjour.»

[...]

«Je ne cesse d'admirer la capacité du public, critiques cinématographiques ou spectateurs du rang, à parler des films, de leurs qualités et de leurs défauts éventuels, sans faire mention le moins du monde, ou tout à fait en passant, comme en plaisantant, de la beauté ou du caractère désirable d'un acteur ou d'une actrice. Cette énormité, la beauté ; ce soudain précipité du temps, le désir - et chacun s'exprime comme si de rien n'était : je me suis toujours demandé si c'était par quelque beau respect d'une convention déontologique, ou intellectuelle, morale, ou bien si vraiment ils ne s'apercevaient de rien, ou n'attachaient aucune importance à ce qui me paraissait, à moi, dix millions de fois plus important que de savoir si Les Grands Fusils ou Toscanini sont de bons ou de mauvais films (tout le monde semble d'accord pour les juger exécrables). Il me semble que si j'étais cinéaste je ne choisirais pour tourner dans mes films que des êtres d'une beauté ou d'un attrait physique merveilleux : non pas seulement pour attirer le public, mais parce que c'est la fonction même de l'art, à mon avis, de pérenniser ou de solenniser ce qu'il y a de plus émouvant sur la terre, et qui sans lui se perdrait.»

 

Pour plus ample information sur RENAUD CAMUS, voir le site : http://perso.wanadoo.fr/renaud.camus/

 

Commentaire & Analyse

 

Dès son plus jeune âge, Arturo Toscanini se découvre une véritable fascination pour la musique. Il poursuit donc des études musicales; mais, à cause de son intransigeance et de sa passion exigeante pour l'art musical, il se voit refusé l'accès à la Scala, lors du concours de recrutement dans la classe de violoncelle. Repéré par un imprésario, il accepte de partir en Amérique du Sud comme violoncelliste dans une troupe d'opéra. Sur le bateau qui le conduit vers le Brésil de l'Empereur Dom Pedro II, il fait la connaissance de mère Allegri et de son assistante, sœur Margherita, qui consacrent leur vie aux déshérités, elles aussi avec passion et ferveur. Parvenu à destination, chacun mène son combat de son côté, avant de se croiser de nouveau : mère Allegri et sœur Margherita au service des pauvres, des malades, des esclaves en fuite; Arturo Toscanini au service de la musique et de l'opéra, en parvenant, non sans difficultés, à s'imposer comme répétiteur de la diva Nadina Bulichoff, une cantatrice sur le retour, maîtresse de l'Empereur, qui a déserté la scène depuis des années pour s'enfermer,  dans le culte de son propre passé et dans un monde clos sur lui-même. Parvenant à lui redonner le goût de la scène et des plus hautes exigences en matière d'art, Arturo Toscanini parvient finalement à inspirer le respect à la cantatrice et à s'imposer à la direction d'orchestre, où il fera montre de toute l'étendue de son talent.

De tous les films de Franco Zeffirelli, Il giovane Toscanini est sans doute, avec Storia di una capinera, celui qui a suscité le plus de malentendus, d'incompréhension, voire de hargne de la part des critiques qui, comme d'ordinaire, ont fait mine d'être navrés de l'évolution de Zeffirelli, en regard de ses films antérieurs, comme s'ils en avaient jamais loué les qualités...

Ainsi, très significativement, Jean-Pierre Lavoignat notait-il dans Studio (n°20, décembre 1988) : «Zeffirelli s'est laissé piéger par ses vieux démons, son goût démesuré pour les décors et les velours, sa recherche forcenée de la "belle image". Sans la grâce qui, à la fin des années soixante, marquait ses films. Il ne reste qu'un cinéma pompier et édifiant qui plie sous le décorum et le "trop".» Il est vrai que quatre ans plus tard, dans la même revue (janvier 1992, n°57) il sera rapproché à Franco Zeffirelli, à l'occasion de la sortie de son adaptation d'Hamlet, l'austérité de sa mise en scène et des décors : «Éclairage parcimonieux, corridors obscurs, pesanteur des murailles. Dans ce dénuement total du décor, un vague drapé, une coupe sur la table font figure de folies baroques. [...] Zeffirelli réalise minimal...» Bref, quand on veut tuer son chien... On connaît la suite!

 Il giovane Toscanini est pourtant, à notre sens, l'un des films les plus mélancoliques de Zeffirelli; une sorte d'immense hommage, empreint de nostalgie, tout à la fois à un chef qui sut remettre la rigueur à l'ordre du jour dans les orchestres, à un genre : le grand opéra, à une chanteuse derrière laquelle on sent se profiler le souvenir de la Callas, et enfin à l'actrice principale du film, elle-même, Élisabeth Taylor, qui faisait ainsi sa réapparition après sept ans d'absence sur les écrans.

Sur ce fond, omniprésent, viennent se greffer d'autres thèmes, notamment la dialectique des exigences propres à l'Art, d'une part, à la Religion, d'autre part; sur le rapport de l'artiste à la société dans laquelle il évolue - ici, la société Brésilienne de la fin du XIXème siècle, qui tolère toujours l'esclavage; sur le rapport du politique à l'art et aux artistes, à travers le personnage de l'empereur Don Pedro II, pour lequel la cantatrice Nadina Bulichoff n'est en somme qu'un jouet précieux, dépourvu d'existence propre...

Un biographe de Philippe Noiret a noté que dans ce film, l'acteur ne faisait qu'apparaître, sans rien faire d'autre. Ce n'est pas tout à fait faux ; à cette nuance près, toutefois, que cela ne trahit nullement la faiblesse du scénario! En fait, de tous les personnages principaux du film, Don Pedro II est celui qui, tout en se présentant comme le maître du jeu, est celui qui est le plus dépourvu de pouvoir réel - et de vie intérieure. Qu'il disparaisse tandis que son jouet reprend vie, pleinement, n'est pas sans signification, à cet égard.