Le film est sorti en France sous le titre

MÉMOIRE D'UN SOURIRE

et dans les pays anglo-saxons, sous le titre

SPARROW

Distribution

Adapté d'un roman de G. VERGA

ADAPTATION : Franco Zeffirelli et Alain Baken

PRINCIPAUX INTERPRÈTES :

Angela Bettis

Jonathon Schaech

Sinéad Cusak

Vanessa Redgrave

Directeur de la photographie : Ennio Guarnieri

MUSIQUE : Claudio Cappani

DURÉE : 114 mn

Galerie

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Commentaires et analyses

Catane, Sicile, 1854. Une épidémie de choléra fait rage et décime la population. Les novices, pensionnaires d'un couvent, sont priés de quitter instamment  la ville et de se rendre à la campagne, par mesure de sécurité. L'une d'entre elles, Maria, retourne alors dans sa famille qui dispose d'une villa au pied de l'Etna, où elle ne tarde pas à faire la connaissance de Nino, dont elle tombe éperdument amoureuse, sans toutefois perdre de vue qu'il lui faudra un jour prochain retourner au couvent. Mais bientôt, l'annonce du mariage de sa sœur, Giuditta, avec Nino - mariage de pure convention, Giuditta et Nino étant promis l'un à l'autre de longue date par leurs familles -  plonge Maria dans un tel désespoir qu'elle effleure la folie, avant de s'abandonner finalement à son triste destin...

Dans ce contexte, empreint de rigidités et d'obligations, le douloureux parcours de Maria apparaît emblématique de la conception romantique de l'amour propre au XIXème siècle, - une conception traitée dans le film comme une expérience extrême, au travers de laquelle l'individu tente de s'affirmer contre les règles et établies et les conventions d'une société qui condamne la femme à vivre la vie sur le mode de la défaite, voire du deuil. La scène sur laquelle se conclut le film - Maria est entièrement couverte d'un linceul noir - est à cet égard on ne peut plus parlante.

En ce sens, loin d'être présenté comme un univers de sérénité et de paix, le monde du couvent apparaît comme un lieu d'enfermement, empreint d'un fort sentiment de claustrophobie et qui repose sur un soubassement (au sens propre du terme, pour ainsi dire) sadomasochiste (superbe scène interprétée par Vanessa Redgrave); - un univers qui trouve sont contrepoint dans l'Etna, au cours d'un périple jusqu'à son sommet,  - symbole de la passion et des élans irrépressibles du cœur.

Après Hamlet - et son monde clos sur lui-même, aussi dépouillé que le couvent de Maria -, et avant Jane Eyre, ultime grand roman dédié à l'amour romantique - avant Madame Bovary -, Storia di una Capinera est un film qui, davantage encore que d'ordinaire, a été mal compris par la critique, notamment en France, qui n'a voulu y voir que son aspect purement décoratif. 

Il est vrai que Zeffirelli multiplie dans ce film les cadres et les atmosphères propres à chacun - extraordinaires successions de plans initiaux, consacrés à l'épidémie de choléra, superbes plongées dans le paysage enchanteur qui s'étend autour de la demeure familiale..., et jusqu'à ces étranges incursions dans une sorte de «gothique horrifique», à l'occasion de l'évocation du climat malsain qui imprègne le couvent, du désespoir de Maria ou encore de l'apparition spectrale de Vanessa Redgrave en nonne folle, enfermée dans une sorte de cachot.